Portrait : Angélina Favario poursuit sa route en sport automobile

Rare femme à composer les grilles de départ en sport automobile, portrait d'une jeune battante prête à tout pour atteindre ses objectifs

Originaire de Savoie, Angélina Favario est l'une des très rares femmes à composer les grilles de départ en sport automobile. Dans un milieu extrêmement masculin, la jeune pilote tente de se faire sa place tant bien que mal. Du karting à l'âge de treize ans à la Formule 4 à dix-neuf ans, portrait de cette véritable battante motivée pour atteindre ses objectifs. 

La jeune Mauriennaise a du plomb dans la tête. Elle même a été surprise de son engouement pour la course automobile. 

Je n'ai aucun membre de ma famille qui est pilote. J'ai eu un déclic quand je suis allée au karting de Grenoble en famille à l'âge de treize ans. 

La jeune femme aujourd'hui âgée de dix-neuf ans a été séduite par ce sport. Elle commence à en faire simplement par loisirs. 

J'ai adoré pouvoir me surpasser en essayant de battre mes records au tour, à chaque fois que je venais rouler. 

En 2018, Angélina achète son propre véhicule, et a pu s'engager en compétitions. Elle participe à la ligue Rhône-Alpes de karting, et arrive troisième. Par la suite, elle intègre la Fédération Française de sport automobile (FFSA).


Angélina Favario, ©FFSA Academy 

"La voiture est impressionnante" 

En 2020, les choses sérieuses commencent pour Angélina. Elle participe au trophée Andros. Il s'agit d'une compétition automobile composée de véhicules à quatre roues motrices et directrices. Les voitures sont 100% électriques. Ce sont des courses de type rallycross disputées sur glace. 

Mais la jeune femme commence surtout les essais libres en F4 la même année, et trouve le financement nécessaire à travers les sponsors pour s'engager officiellement lors de la saison 2021. 

Au début, la voiture est impressionnante, mais on s'adapte vite. 

La monoplace demande énormément d'efforts. 

La FFSA m'a donné un planning, afin de savoir ce que j'ai à travailler sur le plan physique. Notre musculature n'est pas identique à celle des hommes, donc je dois travailler plus durement. 

La Formule 4 a un avantage principal : tous les pilotes courent avec la même voiture. Ils sont à peu de choses près à armes égales. Se pose néanmoins la question du budget. En Formule 4, chaque pilote s'occupe de trouver les financements nécessaires pour une saison. Ils recherchent eux-mêmes leurs sponsors. Une saison en F4, c'est minimum 200 000€. La combinaison et la voiture sont fournies, mais l'entretien et la casse sont à la charge du pilote. 

"Je n'ai jamais pensé à abandonner"

La course automobile est mixte... En théorie. En 70 ans d'histoire, seules deux femmes ont pu courir en Formule 1. Angélina subit du sexisme dès son début en karting.

Au sein de ce milieu masculin, certains pilotes et même leurs parents ressortent leur côté machiste. Cela passe par des remarques déplacées, et à une exclusion d'un groupe. Angélina tient à remercier ses parents qui l'ont poussé à aller toujours plus loin et à passer outre les critiques et le regard des gens. 

Sans eux, je ne serai pas là. 

Ce sexisme permanent a permis à Angélina de se forger un mental d'acier. 

Ma seule vengeance, c'est de leur montrer que je peux le faire.

Cependant, elle tient à ne pas généraliser. Elle remercie plusieurs de ses concurrents qui l'ont soutenu, notamment Estéban Masson, champion de Formule 4 lors de la saison 2021. 

Un Bac S du premier coup 

Une scolarité différente de la majorité des jeunes, mais avec toutefois de la réussite. Angélina s'est orientée vers un bac scientifique via le CNED (Centre National d'Enseignement à distance). Bac S en poche, elle s'est ensuite accordée une année sabbatique afin de se concentrer d'avantages sur le reste de la saison. 

Aujourd'hui, la jeune femme souhaite s'occuper de son avenir en course automobile. Elle n'a pas encore décidé quelle filière post bac intégrer. 

"Je pars en GT4" 

Nouvelle année, nouveau championnat. La jeune pilote n'a malheureusement pas pu trouver les fonds nécessaires pour une nouvelle saison en Formule 4. Elle décide donc de chercher du côté du championnat GT4 France chez Audi. On compte six circuits, dont celui de Nevers Magny-Cours et du Paul Ricard, ainsi qu'un tracé en Belgique, qui n'est autre que le célèbre Spa-Francorchamps. 

Les sommes sont toujours aussi mirobolantes et le système de financement est identique. Il faut que je continue à chercher des sponsors. 

"Il faut être à 200% de ses capacités" 

Angélina a un message à faire passer aux femmes qui veulent se lancer dans le sport automobile. 

Il faut y croire jusqu'au bout. Faire abstraction des critiques est essentiel pour avancer sereinement.

Elle précise qu'être pilote, ce n'est pas seulement monter dans une monoplace, faire une course, et partir. Il y a un véritable travail de recherches en amont à réaliser au niveau des sponsors. 

En étant une femme, c'est plus dur, mais l'histoire a prouvé qu'il est tout à fait possible d'aller jusqu'en Formule 1. A nous de poursuivre son écriture. 

Crédits photos : Angélina Favario